samedi 9 avril 2016

Le chemin vert

Elle aurait voulu écrire quelque chose, écrire quelques mots pour dire, comme pour dire à Amista ces murs si blancs dont elle se souvenait, cette impitoyable blancheur de ses vingt ans qu’elle n’avait jamais pu meubler autrement qu’en la tapissant de son travail.
Il y avait cette ville, ce port et son histoire, la criée et la vie, ces plages en la quittant, en grimpant la route bordant la côte de loin, de près, flirtant de l’œil avec les ferry droit devant, si hauts, si lents, si majestueux de silence…Ces plages qu’elle appelait le matin de leurs noms, qu’elle se récitait pendant la journée pour les retrouver dans le soir, si petites, d’une famille, d’une solitude à se plaire et à se perdre, offertes entre deux dunes ou creusées d’un escalier entre des rochers.
Il y avait aussi ces paysages d’ailleurs, de l’intérieur, ces monts, ces vallons et puis ces carrières comme d’un autre monde, ce marbre, tous ces petits villages, ces routes de quelques jours apprises par cœur sur la carte offerte par l’Etat de ce curieux contrat… pour ne pas se perdre… Et curieusement, elle ne s’est jamais perdue, elle aimait cet exil à deux pas de l’autoroute qui la reliait à ses montagnes noires dressées comme des panneaux routiers lorsqu’elle revenait, disant : ici c’est d’où tu viens.
La mer partout et ces enfants, tous ces enfants qu’elle n’avait jamais su aimer auparavant. Elle revoyait ce bébé d’homme qui creusa la mer pour rejoindre l’île d’Angleterre. Elle qui n’avait jamais pris un enfant dans ses bras, ni même su dire des paroles pour réconforter.
Il y avait comme des épreuves, comme des passages qui l’ont forcée sans la forcer, qui l’ont obligée si elle acceptait cette vie à y trouver du bonheur.

Alors c’est vrai elle l’a trouvé ce bonheur, et il est toujours là. 

2 commentaires:

  1. Je suis heureuse de ton bonheur. Et je sens qu'il est juste pour moi de retourner à ma propre quête, mon propre chemin. J'ai peut-être envahi cet endroit, et j'en suis (extrêmement) désolée si tel est le cas, c'était plus fort que moi... Pardon. C'est drôle en tous cas, tu vis ici et viens de là bas, et moi je vis là bas et viens d'ici ;)
    C'était fabuleux tout ce chemin pour moi :)Merci :)

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