Dans
un mois, j’aurai cent quatorze ans, je ne serai sans doute plus là, je n’ai
plus que cent quatre-vingt-trois fichas.
Vendredi tôt dans la nuit, c’était l’hiver et je
rentrais chez moi, juste avant le noir profond, sur cette route de campagne
mille fois usée par mes yeux, je pensais sans vraiment penser, je me disais
sans me dire, il n’y avait pas de mot…Je savais que j’allais me fondre dans ce
personnage gracile et loufoque, ce clown romanesque âgé de six mois, ayant cent
fois plus d’amis que sur Fashion Border, en plus d’avoir des milliers de
connaissances égrenées au fil des salons. Buenos dias, muchas muakk y grazie
mille, les accents méridionaux transpirant la chaleur du Québec et de belles Brésiliennes
me courant après….Ce soir en rentrant il allait falloir en décourager
certaines.
Je n’étais pas dupe, du haut de mes seize ans, j’allais
affirmer en avoir réellement cent treize… et si elles ne me croient pas et si
elles insistent je les passerais en liste noire.
Dans
un mois, j’aurai cent quatorze ans, je ne serai sans doute plus là, je n’ai
plus que cent quatre-vingt-trois fichas. C’était un beau
voyage, en totale immersion, le seul moyen que j’ai trouvé pour n’avoir aucun
regret, c’est d’écrire ce monde où j’étais. Dans ce monde, j’étais un garçon et
cela ne m’a jamais perturbé, c’était naturel, j’étais moi, les hommes étaient
des potes où des vieux comme moi avec qui je partageais mes racines, surtout
lorsque nous avions les mêmes, je souris, sauf pour les arrières petits-enfants
bien sûr.
Une Limogienne est partie avant moi, je l’aimais
bien avec ses cadeaux publicitaires, son mari a supprimé son compte, son mari,
ce con : elle était joueuse et pas du tout raisonnable. Je l’ai aidée
plusieurs fois pour qu’elle reste encore un peu, puis c’est elle qui m’a offert
un sursis avant de disparaître de ma vie. J’ai encore un ami merveilleux
là-bas, qui vit des hauts et des bas, là il est bas, il a changé son masque,
parfois je le vois comme moi, je me demande s’il est vraiment un homme.
Tout au début, j’ai aimé parler espagnol, italien,
portugais, parce que j’aime apprendre, j’ai discuté en langage des signes
articulés avec des personnes hospitalisées, j’ai même appris des mots dans la
langue de j’expire…. Ensuite j’ai rencontré beaucoup trop de Français, pas tous
de France, des personnes parlant français, je suis tombée dans cette minorité
riche et disséminée, cette élite qui ne se serre pas forcément les coudes mais
qui a réveillé en moi le goût de la compétition…C’est là qu’est apparu ma fin.
Dans
un mois, j’aurai cent quatorze ans, je ne serai sans doute plus là, je n’ai
plus que cent quatre-vingt-trois fichas.
Je suis ravie de te relire :) Je t'embrasse
RépondreSupprimerC'est un plaisir et quelle belle imagination...Je t'embrasse Princesse.
RépondreSupprimer....pour vous dire merci à toutes les deux....et pour vous dire surtout que je m'en suis sortie...enfin je pense...
RépondreSupprimerBisous
Moi
P A H à toi toujours, quoi qu'il en soit il y aura toujours les étoiles, et les sourires, merci à toi de T'en être sortie :)
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