mardi 27 janvier 2015

impromptu n°2

Elle s’appelait Véra. Sa mère lui avait écrit un conte russe posthume rien que pour elle.

EXTRAITS  « …Si tu es un jour en Auto-Protect Non corrigé, ça ne t’empêchera pas d’écrire, même quand l’anti-virus t’aura supprimée  du  programme, l’important sera de te souvenir d’au moins d’un code d’accès… »
 «…  Un jour tu sauras ma fille que les lions ne font pas des lionnes mais qu’il suffira d’un seul chaton pour te griffer la main et te rendre autochtone… »
« … Véra, je viens de te conter l’histoire de tes trois grand-mères, la vraie, la fausse, et l’aventurière, ce sont tes trois grand-mères, l’une d’elle n’est pas de sang, l’une d’elle n’est pas d’amour, l’une d’elle n’est pas aventurière, mais l’une d’elle t’a offert des madames gigognes… »

 « …Véra tu seras ma fille… »

lundi 19 janvier 2015

impromptu n°1

Je suis allée à la banque des yeux pour mon mauvais œil, mon œil gauche s’est porté caution.
C’est bien. La solidarité.
Le problème est : si mon œil gauche n’est en fait que la copie conforme de mon œil droit, alors mon œil gauche ne vaut pas plus que mon œil droit, et peut-être moins.
Les cyclopes avaient bien moins de problèmes.
Pour les mains, là je sais qu’il y a une différence, alors quitte à vendre une main, je vendrai ma main gauche pour racheter ma main droite qui n’était même pas cotée dans le monde du travail.
Il n’y a que les deux pieds que l’on ne peut désolidariser. Ils ne valent que par deux et encore bien plus par quatre, marchant une main dans l’autre (je ne sais pas laquelle tu as vendue toi aussi) et avec un œil unique encore bien plus, le tien ou le mien, tiens, dans l’histoire il y en aura un de trop, avec  lui nous pourrions nous acheter une île…

Et puis je t’aurais perdue, et mes pieds aussi, je serais dans un fauteuil assise, à lire d’une main, à pianoter d’un œil, à rêver et à écrire le monde où je t’avais rencontrée… finalement c’était bien de ne pas avoir acheté l’île.