lundi 22 avril 2013

Cent mille kamasses et une femme

J’ai envie d’écrire une histoire, en fait j’en ai besoin, alors voilà…je vais vous raconter quelqu’une que je ne connais pas, je vais vous dire ces grands espaces d’ombre entre les lumières de sa vie qui m’éclairent aujourd’hui et le tout commencement de ses premiers pas sur la terre.
Elle avait d’immenses yeux avec des milliers de pixels lumineux et rieurs. Elle était une enfant au bord de la montagne qui chaque dimanche dirigeait le bal des cygnes sur l’étang, les bras tendus, les mains ouvertes. Je vous la décris avec mes mots toujours les mêmes, mais là vraiment ça me semble beau, ça m’est si belle cette image, que cela m’enchante de ne rien dire d’autre que mon regard qui se pose sur l’enfance de cette personne.
Bien sûr il y avait ses cheveux, mais l’hiver elle avait un bonnet sur la tête, et l’été un foulard déguisé en casquette, car vous l’aurez deviné, à cette époque le printemps et l’automne n’existaient seulement que pour les grandes personnes.
Un jour, puisqu’il faut bien un jour pour commencer une histoire, une mèche de ses cheveux au vent vint balayer la plage de son adolescence, elle devint alors une couleur chaude et profonde, un rayon ardant à destination de l’amour et de ses équinoxes consentants.
C’est une drôle d’histoire commencée il y a plusieurs jours, une histoire sans fin et sans début que je ne pouvais pas publier (quel grand mot quand même) mais en la relisant aujourd’hui se posent les couleurs que je n’avais pas, alors je suis heureuse de délivrer ces mots, ils ont au moins un sens pour moi et toi tu les comprendras…
…et ce qui suit n’a rien à voir, mais vraiment rien à voir, enfin si quand même, même beaucoup. Je souris, je te souris
 

 
 

jeudi 18 avril 2013

A l'ami


A l’ami qui hier tambourinait en signes sur la vitre de la porte de la cuisine, à celui qui sait que l’on ne sonne plus à la porte d’entrée pour ne pas réveiller la mort, ou troubler l’attente infinie de celle qui s’apprête à partir. A toi, toujours le même, qui passe par les jardins, les mains d’une salade, d’un bouquet de fleurs, de quelques kilos de pommes de terre, ou même sans rien que ta belle humeur un peu partie, un peu vieillie, un peu quittée de toute cette vie. Alors tu viens, tu sais qu’ici, il y a les secrets, les libertés à retrouver, si loin de la ville, si loin de nos passés…  
.Et tout redevient. 
 Pour toi, comme pour moi, rien qu’en parlant de pas grand-chose. 
Ma mère n’est plus morte. 
Je vais à la montagne, de tout mon poids sur le marche pieds de ton tracteur et de sa couleur qui n’existe plus… je tremble encore de la peur de tomber et de tes rires qui se moquent de ma frousse citadine. 
Je suis…J’étais, comme le chien qui reconnaît le bruit de la voiture de son maître, le son de la laisse que l’on abandonne si sonore sur le carrelage tout juste wassingué. 
Avec ma mère, nous sourions de t’entendre passer, de t’attendre repasser, de ta voix si haut perchée, un oiseau, un pinson, quelque chose d’unique, quelqu’un d’unique puisque nous te partagions, ma mère et moi sans rien nous dire… 
Pour ces instants si fragiles, si rares où ma mère était ma mère, et moi enfin sa fille, une fille avec un sourire…Je peux dire ces souvenirs, je  peux écrire dans cette cuisine, dans sa cuisine et garder la porte ouverte à tous ceux qui passent. 
A toi toujours, qui n’as le téléphone que depuis que j’ai internet…quatre ans dis-moi ? ou trois ? Toi et ta double femme qui voudrait t’enfermer dans sa maison…ta maison ? A toi, je souris, je peux, toi qui te moques si gentiment de moi parce que le soir j’ai encore mes devoirs à faire. 
Monsieur l’Africain. 
Un jour, si je peux de nouveau aller loin, j’irai dans ton Sénégal réveiller les souvenirs de ta jeunesse…comme toi, avec  foison et discrétion …

 

dimanche 7 avril 2013

faire part du printemps


faire part du printemps

 

laisser sur la mousse                   pendant que nous

nos habits d’hippocampe                 sans qu’ils ne se soucient

les laisser s’écrire                       du visage de notre amour

se découdre sur les lignes               nous devenons la rivière

qui nous unissent                      une eau simple et belle

les laisser se faire des fils              une eau bonne au bonheur

à se tisser entre eux                    un torrent sur la plaine

une nouvelle manière d’aimer          murmurant à la pluie basse

 

la chance de notre existence

vendredi 5 avril 2013

flash

Elle s’est élancée pour traverser, déboulant depuis l’arrière du bus arrêté.
 
Le même endroit des années plus tard, dans l’autre sens, mais quand même je me glace toujours de prudence, je roule au pas comme dans ces cimetières brumeux ouverts la veille de la nuit de la toussaint.

Le même endroit.
 
Les deux arrêts de bus qui sont face à face dans cette terrible rue étroite, où la chaussée défoncée se fait border par deux trottoirs mordus en vagues cailloux d’asphalte, où mon œil couleur de grise devient aveugle de ce qu’il voit.
 
 



Deux filles qui s'embrassent.
 
A cet endroit.
 
Le même.