C’était le matin, un lundi matin de tous les jours
de la semaine, un jour d’automne pas encore né de la dernière nuit et de sa
belle mort instantanée, un jour à grandir où je pouvais décrire les ombres qui
m’entouraient comme étant vierges de toute couleur affligée, désespérée et
désespérante, de la pâleur et de la morosité qu’engendrent l’ennui de n’avoir
rien à inventer.
Je pensais à toi, à l’aube d’un nouveau jour au lac
si proche et si lointain, à toi que je ne pouvais saisir ni dans mes mots, ni
dans mes bras, et surtout pas dans mes mots puisqu’ils me faisaient tant défaut
pour t’approcher aux premières lueurs de notre amour.
J’étais seule cachée derrière le mur de l’enceinte,
je fumais une cigarette en attendant les premières voitures, la Lune était
posée à moitié endormie sur les brumes du silence et de son monde invisible, et
si j’étais là heureuse c’était bien parce que tu me manquais dans cette
vie qui n’en finissait pas…. (et là impossible de trouver le bon mot, peut être
que ce sera toi qui me le donneras)