lundi 31 mai 2010

Petite chanson pour s’endormir



dans mes draps lilas
tentacules de bras
plonger
au royaume pyjama
faire la perle au coquillage
les yeux la bouche sages
dormir
au monde sans visage
dans mon lit bateau
voyages dans les eaux
glisser silence
et danse jusqu’aux oiseaux

mercredi 26 mai 2010

***


une page blanche pour dire
la pluie
l’enjambement du silence
la folie passée
le mur du doute traversé
la nuit peut être si déchirée
mais le matin est là
la terre desséchée se fonce brune et profonde
les fleurs survivantes
sourient de leurs couleurs vives à l’été
qui va venir
puisque je ne tremble plus
pourtant mon cœur bat tout aussi vite
je poursuis les yeux grands ouverts
ce besoin d’une page blanche pour dire
assise de nouveau à mon bureau
le ciel pleurant toutes ces larmes
qui ne sont jamais venues
la cuirasse se reforme
plus souple
plus près de mon corps
plus simple à ôter aussi
je me sens bien
je respire les heures à venir
les jours au jour le jour
avec au fond de moi le bleu de la mer
qui me porte à l’horizon…de ton sourire

samedi 22 mai 2010

dans la boîte à mots


 

j’irai à l’infini des rondes
je peux laisser jouer les mots
les laisser dire se contredire
l’important ce sont mes doigts qui les assemblent
je suis le vent
ils sont les feuilles
je ne commande rien
j’appuie sur un bouton
il y a des lumières bleues
une immense page blanche
des lettres et mes phalanges
je peux laisser jouer les mots
ils disent ce qu’ils veulent dire
moi je suis le cheval qui claudique
au clavier du désordre
ils s’arrêtent un instant devenus muets
j’avance les yeux pour les relire
à la recherche de signes lumineux
mais ce ne sont que des mots à la poursuite du temps
ils se remettent à trépigner
que je sois triste que je sois gaie
même si je n’ai rien à dire
c’est comme mon sang
j’irai à l’infini des rondes
je peux bien laisser jouer les mots
les laisser au plaisir de me contredire
l’important c’est que ce sont mes mots…

mercredi 12 mai 2010

lina




la fille aux yeux perdus
juste là
toute petite toute menue
à côté de l'ange tiré à quatre épingles
lui le teint bis des rues
les yeux aiguisés des steppes sibériennes
sa chemise blanche
ou bien sa veste
mais toujours quelque chose de blanc
que toutes les filles l’aiment
parce qu’il est…BEAU
mais elle
la nouvelle
elle s'en moque
ses cheveux bruns lui tombent sur les yeux
sa peau est brune aussi
elle s'appelle d'un autre nom que l'année dernière
sur les papiers recollés de sa dernière inscription
un drôle de nom d'afrique
que lundi elle n'était même pas là
parce que c’était le mariage de sa mère
mais c'est nadia qui l'a dit à la maîtresse
nadia
même à un mur elle saurait dire toutes les pierres
lina ne sourit pas
elle est perdue
au tableau elle ne sait plus où sont les mots
elle n'a jamais écrit sur un tableau
lina
elle range la case de son voisin l’ange
l’ange
ça lui va si bien d'avoir une seconde maman
et puis ce matin
parce que les maîtresses ne savent pas tout
et même nadia !
l’ange s’applique
lina sourit…
les mêmes fautes
mais un peu moins chacun


*photo : petit mot trouvé sur le bureau

lundi 3 mai 2010

mouche et amour

l’amour

elle avait élu son souffle sur ma joue
la jolie mouche
la montagne raccourcissait déjà le printemps
le soleil faisait fondre l’hiver
et elle
elle avait osé poser fièrement
la mer des blés roussis dessous l’été
en savoureux pointillés
sur la peau blanche de mon dimanche…

l’amour est partout

elle volait sourde avec tous les papillons
la jolie mouche
les fleurs du volcan s’éparpillaient dans mon ventre
le printemps n’était plus que pâquerettes sur la pelouse
la marguerite aux lèvres
j’avais en moi la vie de l’ultime élément

l’amour c’est fou

les prémisses me tournaient le dos en noir et blanc
mes yeux passaient de l’inconscience en mode je veux
je veux
cent mille millions d’images à l’aune d’une seconde
et ce soupir délicieux de la jolie mouche
menant tambours tonitruants notre propre enterrement

l’amour c’est merveilleux

ma jolie mouche rose aux ailes de l’aurore
au baiser tendre du jour qui se lève encore
aux rimes d’un ciel clair effervescent
bouillonnant des  lumières du désir renaissant

l’amour c’est tendre

tendre les voiles
tendre les ailes
tendre le fil
tendre l’oreille
tendre la voix aux murmures du soleil

l’amour c’est une mouche
qu’on avale par la bouche