mercredi 29 décembre 2010

un jour sans écrire

Un jour sans écrire
C’est comme un jour sans sortir
C’est rester tapi au fond de soi
A écouter battre les sons du moi

Un jour sans écrire
C’est l’impression de se punir
C’est s’obliger à se taire
Se couler à ne rien faire

Un jour sans écrire
C’est ce qu’il y a de pire
C’est simplement se survivre
En attendant d’être libre

Un jour sans écrire
C’est ne rien voir venir
C’est le temps qui fuit
Qui s’éteint dans la nuit

Un jour sans écrire
C’est de ses mots se maudire
C’est la honte de ses souvenirs
Que l’on ne peut plus réécrire
C’est l’envie si forte de vomir

Un jour sans écrire
C’est la peur du silence à venir
Celle de ne plus pouvoir dire
Toutes les promesses à tenir

Un jour sans écrire
C’est l’abandon de lire
Sans force et sans plaisir
Les autres sans sourire

Un jour sans écrire
C’est le corps qui commence à bleuir
Les mots de l’âme se noircir
Le cœur qui s’arrête de courir

Un jour sans écrire
C’est comme...m’ensevelir

lundi 27 décembre 2010

le silence

le silence se noie de transparence
n’y aurait-il plus rien à découvrir
plus de fenêtre à entrouvrir ?

tant de choses sont restées suspendues
au coin de tes lèvres rivées par l’inconnu
tant de fils lancés que je me suis perdue
dans l’écheveau de ta peau en tissu

 et tous les secrets resteraient-ils sans avenir ?

le vide éclaire l’intemporel
l’être que tu es s’est effacé
mes mains ont fini de te toucher

tant de rêves se sont mis en couleur
aux rivages de la folie et de la peur
tant de tristesses ancrées des profondeurs
qui m’ont brisée en larmes de malheur

et tous les manques se fonderaient-ils dans l’oubli ?

l’absence deviendrait une présence
le blanc une gomme à effacer le présent
la solitude le seul espace du temps ?

tant de matins remplis d’espoirs
au soleil qui chassait les idées noires
tant de paroles devenues si dérisoires
au regard d’un corps qui a cessé de vouloir

et tout le reste de l’amour se serait-il envolé ?

...

dimanche 5 septembre 2010

La machine rouge et bleue


il devenait fou
une panique que plus rien ne pouvait apaiser
elle serrait les poings les dents
à cent mille tours seconde
ce ne serait plus une simple explosion
non…ce serait comme devenir une étoile
elle avait un thermo réacteur dans la poitrine
elle allongea les bras par dessus la tête
pour faire décoller la fusée en arrière
la poésie n’avait plus qu’à bien se tenir
les larmes rouges allaient se montrer
et fahrenheit et celsius se marieraient
dans l’apocalypse du petit matin
le coq du voisin lui s’en moquait bien
la moto de cinq heures aussi
les petits oiseaux ces girouettes
ces pauvres mauviettes à la solde du soleil
s’en balançaient tout autant
et les feuilles des arbres qui se préparaient au vent
n’étaient rien d’autres que les lucioles de l’éphémère
…ce fut ensuite que soudainement il se mit à pleuvoir
que la cloche de l’église qui sonnait la fin de la nuit
se fit comme à la fête des retrouvailles d’une goutte à la terre
 …dans la bouche elle avait un goût formidable
une drôle de soif de sang et d’eau mêlés
ce fut là que son coeur s’arrêta de battre
ce fut là qu’elle s’endormit…enfin rassurée

samedi 28 août 2010

Deux vies nettes en papier




je suis la fille de Morphée père et fils
j’écris des goémots que je glisse

entre les feuilles d’un bateau de papier

mon âme et mon coeur ne veulent plus rien dire
depuis que le passé a dépassé l’avenir
j’écris des vestimots que je tire

entre les nuages d’un ciel de papier

je suis deux empreintes aux pieds nus
à la peau déchirée d’un monde perdu
j’écris les saltimmots que j’ai reçu

entre les feuilles d’un arbre de papier

je suis la source du trou creusé de l’ennui
mon nom s’appelle à la Lune moins la nuit
j’écris les psychomots que j’essuie

entre les feuilles d’un chagrin de papier

dimanche 22 août 2010

Si peu de choseS




je suis si peu de chose…
pas même un grain de sable
un grain de sable au moins ça s’envole
ça ose des choses inconcevables
ça s’envole pour atterrir sur un nouveau rivage
une île paradisiaque
ou alors dans une décharge
avec des mouettes vivantes de la mort
ça traverse des mondes
des moches et des plus beaux
mais ça ne s’attache pas
ça vole et ça s’enfuit
ça passe à autre chose
c’est pas que ça n’aime pas
mais si un grain de sable s’envole
c’est juste pour ne pas mourir ici

*Photo Aslemin Button

mardi 10 août 2010

petite chanson clin d’oeil

 


 l’œil qui console des trésors perdus

celui qui se lie à l’ellipse du soleil
dans le trouble des nuages
celui qui ne pleure plus que de tendres averses
parce que les orages n’en valent plus leur âge
cet œil qui s’anime à la surface des ciels
et qui me trouble étrange otage…étrangère à le lire
limée de cette tendre rage aux mots d’être poète
l’œil qui me console de mes trésors perdus
depuis mon angle terre toujours vide à refaire
cette course folle aux cils de faire un vœu
et tous les mots qui ne veulent plus rien dire
que la caresse joyeuse d’une larme de bonheur…

*photo phARSme

samedi 31 juillet 2010

être ange


quand tu ris quand tu pleures
quand tu dis quand tu meurs
quand tu dis tant de douceur
dans l’élan rouge de ton coeur
quand je te suis dans l’ascenseur
fleur après fleur
rame après rame
quand tu souris sans retour d’un regard
quand tu écris notre amour en retard
quand tu languis de ce bleu sur le boulevard
dans l’air flou de tous ces temps bizarres
quand je te suis seule dans la gare
salle après salle
drame après drame
quand tu me vis quand je t’appelle
quand tu me dis que je suis belle
quand tu me dis tant de mots et merveilles
dans les battements sauvages de tes ailes
quand je te suis d’être une rebelle
rêve après rêve
flamme après flamme
quand tu me dis que tu m’aimes
quand je te supplie que tu m’emmènes
quand plus rien ne rime sous les je t’aime
quand sur les lignes ensemble nous déraillons
quand nous nous jouons si mal de nos répétitions
et quand nos mots s’en vont à reculons
jusqu’à ta main dans le vide du pont duquel nous sautons
quand nous nous embarquons si fort comme une trahison
quand je te crie à toi à nous à l’unisson
quand je t’écris des étoiles jusqu’à la Lune
la nôtre de tendresse et de plume
quand je te dis je t’aime
quand la marée est basse
quand la marée est haute
quand le tunnel passe sous la falaise
étage après étage
étape après étape
ce funambule toujours à nous regarder de là-haut
cet entre nuage passage de l’amour
quand nous nous taisons pour un ciel ou juste un paysage
quand tu es là à me parler tout bas de tes voyages
quand tu ris quand tu pleures
quand tu dis quand tu meurs
quand tu dis tant de douceur
dans l’élan rouge de ton coeur
fleur après fleur
jour après jour
quand nous nous aimerons toujours

mardi 27 juillet 2010

la superficie du ciel


mon coeur s’ébruite calme et nocturne
sous la pluie qui crépite sur les ardoises grises
il crépite secondes d’une pendule astronomique
il compte les pas de mouche jusqu’à la Lune
il bat si parfaitement à la cadence de l’invisible
cet infini qui endort le temps de la nuit
que les mots de mon corps en prennent la fuite
tout s’évade en gouttes sèches qui rebondissent
j’ai ce toi et ce toit comme la tombe qui m’aime
alors je m’abandonne à la tendresse de ce lit
j’écoute en silence les notes de musique
et si je chante le tambour sourd de mon sang
c’est en pensant au champ de blé qui coule dans mes veines
comme un vent neuf juste avant la moisson de l’été

jeudi 15 juillet 2010

Un amour à la mer


les bancs jumeaux s’aimaient d’amour
et voilà qu’a sauté l’esprit
à droite de la digue
à gauche de comme une plage
et loin devant il a disparu
dans les accents de lames silencieuses
après on ne sait plus
un couple d’amoureux a juste signalé
la corde qui ployait
on ne les a pas trop crus
un banc ça ne se suicide pas
mais la police est quand même venue
pour éviter les rassemblements
ils ont dit que ce n’était qu’un incident
qui ne se reproduirait plus
que c’était juste une poésie qui s’était noyée
une erreur de bougie qu’on allume tous les ans
…enfin quelque chose dans le genre
dans le genre de celui qui rassure tant
ensuite j’ai commencé à écrire
parce que c’était moi l’esprit qui avait fui
 je sais bien que je ne devrais plus marcher le long de la mer
que je hante la vie qui m’a été arrachée pour rien
mais c’est comme ça pour que je m’en souvienne

*Photo trouvée chez PhARSme

mercredi 23 juin 2010

Les mots sans fin (1)


tout aussi loin que mes yeux le pourront
tout  aussi profond que mon coeur le voudra
tout aussi sûr que un et un font deux
toute aussi calme que je serai
quand mes mots seront sous la tempête
comme une ombre qui marchera aux abois
j’avancerai
sur ma peau s’allumera un frisson ou pas
quelle importance ce sera à une heure ou un jour ?
tout redeviendra comme avant
tout aussi loin qu’il sera
redeviendra la caresse enfermée dans mon poing
le souffle étonné de l’abandonner
tout aussi loin que mes yeux le  pourront
tout aussi profond que sera l’horizon
toute aussi sûre que les ailes de l’oiseau
je lierai mes mots à l’encre de mes quinze ans
parce que

mercredi 9 juin 2010

rebelle insomnie


Dame au Claisse n’aimait pas les accents
elle aimait prendre les dames noires
sur les cases ivoires du quadrillage
elle aimait sans se soucier
de la verticale et de l’horizontale
elle jouait se livrant au hasard
elle jouait noire et perdait souvent blanche
terminant la partie le plus naturellement
la mine de fer du crayon en l’air

elle avait pris aux dieux le sourire du temps
aux princesses les boucles blondes
au firmament l’onde de choc des titans

elle ne savait jamais la fin
ni qui de l’eau du bouclier
baignant aux brumes incertaines
jouant flottant libre au cadran
des mots de croix de la vie et du sang

elle n’aimait ni les accents ni les virgules
ni les signes qui prenaient l’absence d’un point connu
elle supposait toujours pouvoir revenir
un jour grave un jour aigu
un jour sans rien que de l’amour
ne laissant aucune trace sous son chapeau de chine

au saut d’une puce elle aimait sourire
mais vraiment elle n’aimait pas les accents
ni le nom qu’on lui avait choisi
elle aimait prendre les dames noires
sur les cases ivoires du quadrillage
elle aimait sans se soucier
de la verticale et de l’horizontale
elle jouait se livrant au hasard
elle jouait noire et perdait souvent blanche
terminant la partie le plus naturellement
la mine de fer du crayon en l’air…

mercredi 2 juin 2010

0,139 kg de bonheur

Bien sûr j’ai raté mes photos de sable… l’émotion.
Jamais on ne dirait du sable, on dirait des graines, des graines de mer, mais si fines et saupoudrées de  l’or des îles…avec des diamants… des diamants qui dans le petit pot en verre que je secoue doucement, apparaissent, disparaissent…c’est si beau.
Le sable resté sur le bureau, je l’ai mis dans mes chaussures, pour qu’il continue le voyage. Il a traversé la moitié de la Terre, il a traversé toute la France, maintenant il traverse ma maison, il me porte et j’ai les pieds qui sautillent d’aller plus loin.
Il n’a pas crié crissé dessous mes dents, il n’a rien à voir avec le sable des mers du Nord, non, rien à voir…comme la perle noire à mon poignet que je mordille sous l’oeil du petit miroir.
Je suis en plein voyage, je suis ailleurs, ce n’est sur aucune carte, c’est sur une île qui bouge au vent, pas loin du ciel, c’est Jeanne…

lundi 31 mai 2010

Petite chanson pour s’endormir



dans mes draps lilas
tentacules de bras
plonger
au royaume pyjama
faire la perle au coquillage
les yeux la bouche sages
dormir
au monde sans visage
dans mon lit bateau
voyages dans les eaux
glisser silence
et danse jusqu’aux oiseaux

mercredi 26 mai 2010

***


une page blanche pour dire
la pluie
l’enjambement du silence
la folie passée
le mur du doute traversé
la nuit peut être si déchirée
mais le matin est là
la terre desséchée se fonce brune et profonde
les fleurs survivantes
sourient de leurs couleurs vives à l’été
qui va venir
puisque je ne tremble plus
pourtant mon cœur bat tout aussi vite
je poursuis les yeux grands ouverts
ce besoin d’une page blanche pour dire
assise de nouveau à mon bureau
le ciel pleurant toutes ces larmes
qui ne sont jamais venues
la cuirasse se reforme
plus souple
plus près de mon corps
plus simple à ôter aussi
je me sens bien
je respire les heures à venir
les jours au jour le jour
avec au fond de moi le bleu de la mer
qui me porte à l’horizon…de ton sourire

samedi 22 mai 2010

dans la boîte à mots


 

j’irai à l’infini des rondes
je peux laisser jouer les mots
les laisser dire se contredire
l’important ce sont mes doigts qui les assemblent
je suis le vent
ils sont les feuilles
je ne commande rien
j’appuie sur un bouton
il y a des lumières bleues
une immense page blanche
des lettres et mes phalanges
je peux laisser jouer les mots
ils disent ce qu’ils veulent dire
moi je suis le cheval qui claudique
au clavier du désordre
ils s’arrêtent un instant devenus muets
j’avance les yeux pour les relire
à la recherche de signes lumineux
mais ce ne sont que des mots à la poursuite du temps
ils se remettent à trépigner
que je sois triste que je sois gaie
même si je n’ai rien à dire
c’est comme mon sang
j’irai à l’infini des rondes
je peux bien laisser jouer les mots
les laisser au plaisir de me contredire
l’important c’est que ce sont mes mots…

mercredi 12 mai 2010

lina




la fille aux yeux perdus
juste là
toute petite toute menue
à côté de l'ange tiré à quatre épingles
lui le teint bis des rues
les yeux aiguisés des steppes sibériennes
sa chemise blanche
ou bien sa veste
mais toujours quelque chose de blanc
que toutes les filles l’aiment
parce qu’il est…BEAU
mais elle
la nouvelle
elle s'en moque
ses cheveux bruns lui tombent sur les yeux
sa peau est brune aussi
elle s'appelle d'un autre nom que l'année dernière
sur les papiers recollés de sa dernière inscription
un drôle de nom d'afrique
que lundi elle n'était même pas là
parce que c’était le mariage de sa mère
mais c'est nadia qui l'a dit à la maîtresse
nadia
même à un mur elle saurait dire toutes les pierres
lina ne sourit pas
elle est perdue
au tableau elle ne sait plus où sont les mots
elle n'a jamais écrit sur un tableau
lina
elle range la case de son voisin l’ange
l’ange
ça lui va si bien d'avoir une seconde maman
et puis ce matin
parce que les maîtresses ne savent pas tout
et même nadia !
l’ange s’applique
lina sourit…
les mêmes fautes
mais un peu moins chacun


*photo : petit mot trouvé sur le bureau

lundi 3 mai 2010

mouche et amour

l’amour

elle avait élu son souffle sur ma joue
la jolie mouche
la montagne raccourcissait déjà le printemps
le soleil faisait fondre l’hiver
et elle
elle avait osé poser fièrement
la mer des blés roussis dessous l’été
en savoureux pointillés
sur la peau blanche de mon dimanche…

l’amour est partout

elle volait sourde avec tous les papillons
la jolie mouche
les fleurs du volcan s’éparpillaient dans mon ventre
le printemps n’était plus que pâquerettes sur la pelouse
la marguerite aux lèvres
j’avais en moi la vie de l’ultime élément

l’amour c’est fou

les prémisses me tournaient le dos en noir et blanc
mes yeux passaient de l’inconscience en mode je veux
je veux
cent mille millions d’images à l’aune d’une seconde
et ce soupir délicieux de la jolie mouche
menant tambours tonitruants notre propre enterrement

l’amour c’est merveilleux

ma jolie mouche rose aux ailes de l’aurore
au baiser tendre du jour qui se lève encore
aux rimes d’un ciel clair effervescent
bouillonnant des  lumières du désir renaissant

l’amour c’est tendre

tendre les voiles
tendre les ailes
tendre le fil
tendre l’oreille
tendre la voix aux murmures du soleil

l’amour c’est une mouche
qu’on avale par la bouche

vendredi 30 avril 2010

Les soucis de traverses (épisode 0)


Nous arrivions. La maison était là et le tilleul derrière le jardin me tendait déjà toutes ses feuilles de l’été qui venait à venir. Pourtant nous n’étions qu’en avril, ma mère venait de mourir et tous les paysages étaient si tristes de cette envie de partir. Mais de voir la maison et d’être là avec Joseph qui me ramenait, c’étaient mes larmes sur la vitre qui se battaient contre la pluie. J’étais presque heureuse parce que je rentrais chez moi.
Je pensais à tous ces soucis de traverses et de qui pourrait encore les reconnaître, je pensais à  ça, je m’efforçais de penser à ça parce que j’avais trop envie de pleurer ma mère, et tous, et tout m’aidait sans vraiment me consoler.
Ce ne fut que quelques années plus tard, quand Xavière, qui pilotait un audit sur les attaques de traverses dévorées par les esprits, vint nous rendre visite dans notre petite gare, que je compris que je pouvais redevenir amoureuse des trains, même sans arbre, même sans gare, et même sans rail.

*photos PhARSme..